REVUE ARCHEOLOGIQUE DE PICARDIE N°2 1963

DECOUVERTE D'UNE FIBULE-MONNAIE

MEROVINGIENNE A ROSOY-EN-MULTIEN (OISE)

par Bruno FOUCRAY*

C'est au cours d'un repérage archéologique de surface qu'a été découverte, en décembre 1981, à Rosoy-en- Multien, une fibule-monnaie de bronze (1).

Cette fibule se présente sous la forme d'un Aes 3 / Aes 2 du Vème siècle, serti dans un cercle de bronze. Au dos, se distingue encore la charnière ; l'ardillon et le porte-ardillon ont disparu.

La monnaie :

L.R.B.C. Part II 2257 Aes 3/Aes 2 de Léon I, datable 457-474, Atelier de Constantinople.

Avers : Buste de l'empereur drapé à droite, un diadème de perles sur la tête.

Lég. : «DN LEONI / S PFR AVG» Revers : L'empereur debout à droite tenant un labarum et un globe, le pied gauche sur un captif. Lég. : «SALVS R / PVRLCA»

Différent de l'atelier, CON : Constantinople.

A l'époque mérovingienne, on utilisait parfois les monnaies dans la fabrication de bijoux, bagues, pendentifs, parfois de fibules. En règle générale, cet usage concerne surtout les espèces d'or et d'argent, plus rarement de bronze.

Cette fibule-monnaie constitue donc un cas peu courant, typologiquement difficile à rattacher à la classification de P. Perin (Perin, 1980). Cependant, il semple possible de la rapprocher des types de petites fibules discoïdes de bronze à champ libre, possédant parfois un décor gravé peu élaboré (2).

Ces fibules semblent durer tout au long des niveaux II et III de K. Bôhner (Bôhner 1958) ou les phases B/C/D de la nécropole de Bulles (Oise). Ce qui nous donnerait comme terminus ante quern les années 560- 570.

Fig. 1 : Avers et revers de la fibule-monnaie de Rosoy-en-Multien (dessin de Virginie VERGNE, Université de Picardie).

Le terminus post quern est fourni par la monnaie de Léon I (457-474). Celle- ci est très usée, ce qui indique un temps de circulation important bien qu'impossible à déterminer. Cet ensemble nous donne une fourchette chronologique de l'ordre d'une centaine d'années, s'étageant du troisième quart du Vème siècle au troisième quart du Vlème siècle.

Il faut aussi noter que la charnière présente des traces d'usure assez nettes, prouvant qu'elle a été portée. Il semble que, pour l'époque mérovingienne, la transmission des objets personnels d'une génération à l'autre ne soit pas très courante, tout particulièrement pour ceux d'une aussi faible valeur intrinsèque. La date d'enfouissement a donc dû être de peu postérieure à la date de fabrication.

Bibliographie

BIBLIOGRAPHIE sommaire

BOHNER Kurt, 1958 ; Die frànkischen Alter- tùmer des Trierer Landes, Berlin.

CARSON R.A.G., HILL P.V., KENT J.P.C., 1976, Late roman bronze coinage, London.

GRAVES Louis, 1856 ; Notice archéologique du département de l'Oise.

PERIN Patrick, 1980 ; La datation des tombes mérovingiennes, publié par la quatrième section de l'Ecole pratique des Hautes Etudes, Genève.

SALIN Edouard, 1952 ; La civilisation mérovingienne d'après les sépultures, les textes et le laboratoire, II les sépultures, Paris.

WOILLEZ Emmanuel, 1862 ; Répertoire archéologique du département de l'Oise.